La fille qui fuyait son destin épisode 4
Bonjour tout le monde, j’espère que vous allez bien! Aujourd’hui je vous propose le quatrième épisode de la micro nouvelle: « La fille qui fuyait son destin » Bonne lecture.
- Vous vous payez ma fiole c’est ça !
- – S’il vous plaît majesté…nous avons vraiment cherché partout.
- – Il y a pas de s’il vous plaît d’accord ! si vous ne ramenez pas ces gamines dans un bref délai !!
- – Mais Majesté ! nous ne savons plus où…coupant ainsi le roi, le pauvre notable Mb’è connu sa
sentence tout de suite. Le roi réprima son erreur en le foudroyant d’un coup de tonnerre sans
aucun regret.
- – Assez ! je dis assez ! je vous ordonne de me ramenez mes épouses dans un délai de 72 heures
ou alors vous subirez un plus mauvais sort que ce Mb’è!
Le roi continua ainsi dans un long monologue au cours duquel il proférait des menaces de mortsà l’endroit de chacun de ses notables. Au vu l’horreur dont ils venaient d’être témoins, lesnotables fut pris de panique. En effet, le roi savait semer l’horreur et la consternation parmi ses sujets. Il fit pendre un sujet pour la simple raison que, celui-ci avait prétendument convoité une de ses nombreuses épouses. Une autre fois, le roi fit immoler une femme parce que la récolte saisonnière de cette dernière trop petite, n’honorait pas les terres de son royaume. Les notables tremblaient de terreur, car ils savaient à quoi s’en tenir. Il fallait absolument ramener les jeunes épouses sans quoi la colère du roi allait sans doute s’abattre sur eux. Pourtant, personne jusqu’ici ne semblait savoir où elles se trouvaient. Ils se concertèrent afin de trouver un plan. Le notable Takeu eu bientôt une de ces nombreuses idées saugrenues dont lui seul avait le secret. Son idée bien que pernicieuse, s’imposait comme unique piste pour retrouver les épouses du roi et échapper au châtiment de ce dernier.
Ma’ Maku qui face à tous ces événements ressentait déjà un dégoût et une lassitude face à la vie, se réfugiait désormais dans sa case appelant et suppliant la mort de frapper une fois de trop
à sa porte. Il faut dire que, sa vie avait toujours été une suite de décès, d’abandons. La douleur,le chagrin de perdre un être cher elle l’avait connu plusieurs fois dans sa vie. Jeune fille, elle perdit ses parents dans une épidémie de choléra qui embrasa son village à cette époque. Elle chemina ensuite chez sa grand-mère veuve où elle vécut quelques années. Lorsque la grand- mère sentit la mort venir, elle remit la jeune Maku comme épouse à un vieux vigneron du village. Elle épousa donc le père de Sandrine à l’aube de son adolescence. D’ailleurs celui-ci la quitta lui aussi quelques années après la naissance de la jeune fille. L’un des nombreux fils du vigneron âgé de 19 ans fut désigné comme successeur et devint ainsi l’époux de la jeune Maku. Le notable Tegoum, très réputé pour ses prouesses à la guerre et ne manquant jamais une occasion de s’enorgueillir, ne l’entendit pas de cette oreille. Il décida de reprendre Maku des mains du jeune successeur. Ayant rencontré l’opposition de celui-ci, il l’attaqua en duel et fort de ses prouesses de grand guerrier, il ôta la vie du jeune homme faisant de Maku une fois deplus une veuve. C’est au milieu de toute cette douleur que la sœur de Ma’ Maku décida alors de prendre avec elle Sandrine afin de l’élever disait-elle « loin de ce chagrin sans fin ». Tegoum quant à lui finit par perdre la vie au champ de bataille lors d’un conflit avec le village voisin.
C’est pendant que Ma’ Maku se refaisait ainsi le film de sa vie que l’on frappa à sa porte. À peine ouvra-t-elle la porte qu’un coup de vent violent la projeta dans la casserole d’eau au fond de sa cuisine comme un orage. C’était Bogny l’un des nombreux fils du roi. Il avait été informéque c’est Ma’ Maku qui allait être torturé question de lui faire avouer où se trouvait Sandrine et les autres épouses. Il venait donc la mettre au courant pour qu’elle aille loin, très loin de cevillage. En réalité, Bogny était le seul des enfants de Ndé qui s’opposait à l’autorité autocratique et dictatorial de son père qu’il trouvait pour sa part déraisonnable. Il trainait tout le temps près de la case secrète réservée aux réunions des notables pour savoir qui était la prochaine victime des intrigues de son père afin de tenter de l’en épargner.
Des heures étaient passées et, Ma’ Maku sous le poids des tortures surnaturelles à elle infligéesavait fini par y laisser la vie. Jugeant qu’elle n’avait plus rien à perdre, elle préféra mourir plutôt que d’assister au scénario qui se dessinait à l’horizon pour les jeunes fugitives.
Le délai donné par le roi approchait et les notables jusqu’ici ne semblaient avoir aucune piste solide. Cela faisait déjà quelques jours que les filles avaient rejoint la grande ville et elles s’y habituaient déjà bien. Cette vie où on va au marché, tôt le matin, cuisine au plus tard à midi, et passe le reste de la journée devant cet appareil qui permet aux impérialistes d’étendre et maintenir leur domination au fil des années. C’est pour ces raisons et bien d’autres que tous apprécient la vie à la grande ville, la vie à Feu’ssap’.
Les notables ont quitté le village en cortège très tôt ce matin. Cela fait déjà quelques heuresqu’ils sont partis. En chemin, ils pressent le pas, ils marchent avec détermination, ils traversent les contrées et les sentiers qui mènent à la grande ville, mon Dieu où vont-t-ils ?