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La fille qui fuyait son destin : épisode 3 BIRTHDAY BLOG SERIES VINGT-DEUX

Deux jours passèrent, Sandrine enfermée dans sa cabane était bien partie pour être la 84eépouse du roi. Cependant, elle était déterminée à sortir de là et à prendre avec elle son amie et ses sœurs. Les filles se mirent alors ensemble et dressèrent un plan à cet effet. Il fallait s’enfuir non seulement de la chefferie mais aussi du village. Pour cela, l’une des quatre jeunes filles devait préparer pour le roi un repas somptueux ; le préféré du roi, ce repas qui chez les Mûgum revêt une signification toute particulière : le « pe’e »[1]. Selon la tradition, lorsqu’une femme cuisinait du pe’e à son époux c’était une marque d’amour et de profonde soumission. Il fallait pour le roi ce jour une attention spéciale. Dans la tribu Mûgum, pour préparer le repas préféré d’un chef de famille, d’un notable ou même du roi, il faut avertir celui-ci deux jours à l’avance ce que les filles ne manquèrent pas de faire. Le jour J, les trois autres filles aidèrent Sandrine à faire la cuisine et pendant qu’elles mettaient la table et rangeaient la chambre du roi, elles préparaient en même temps les provisions pour le voyage nocturne qu’elles devaient effectuer. Le somptueux repas en question devait contenir un gris-gris que les filles avaient reçu du grand sorcier du village ; assez pour endormir le roi,  ses notables et autres serviteurs  afin que les jeunes filles puissent prendre la route en toute sécurité. Le repas servi, tout le monde se mit à table pour le savourer. Le chef qui avait décidé de prendre le repas dans sa chambre sous le regard attentionné de ses épouses préférées parce que plus récentes en date, se mit lui aussi à table. Après des signes de respects et des « bon appétit », le roi se mit finalement à manger. Cependant, toutes les convives dans la salle principale étaient déjà plongées dans un sommeil sans fin. Naturellement, le roi au bout d’un moment de dégustation de son repas s’écroula lui aussi sur son lit ; donnant ainsi aux jeunes filles l’occasion de commencer le voyage.  Après avoir rassemblé tout ce dont elles avaient besoin, les jeunes filles partirent pour la ville dans une nuit froide qui s’annonçait plutôt orageuse. D’ailleurs, très vite, un vent lourd souffla et au bout d’un moment une pluie torrentielle descendit du ciel. Après plusieurs heures de marche, il fallait à présent longer le sentier le plus dangereux –surtout en cas de pluie- celui du comté de k’euleu. Là se trouvait toutes sortes de danger surtout à cette heure de la nuit. On racontait d’ailleurs qu’un esprit ou un homme (selon les versions) qui hantait les lieux enlevait les enfants et toute autre personne qui s’aventurait par-là tard dans la nuit. Celui-ci détruisait la vie des jeunes filles et les abandonnait sur le chemin. Ainsi le comté de k’euleu constituait l’une des étapes les plus redoutées par les jeunes filles. Mais elles prirent leur courage à deux mains et engagèrent la traversée les dents serrées. Après deux kilomètres et demi de route, elles achevèrent bravement la traversée du comté de K’eleu et à peine avaient elles eu le temps de se  remettre que le ciel se remit à sangloter et une pluie orageuse commença à s’abattre sur le chemin. En réalité, lorsqu’on traversait k’eleu et k’eleu meto’o on parvenait à Kena. Ici on était presque en ville car Feu’ssap’ n’était plus qu’à une heure de marche.

Les quatre jeunes filles parvinrent bientôt à la ville qui était devenue un véritable bazar constitué de rien d’autre que les zinzins qui encombraient la route ainsi que d’autres traces du passage des grévistes. La tante de Sandrine, prise par surprise par cette visite impromptue, accueillit pourtant ses invités avec la plus grande courtoisie. Les filles entrèrent dans la pièce chacune à son tour secouées par le voyage et les vêtements collés à leur peau. La tante prépara un bain chaud et après ablutions, les filles se mirent à raconter la mésaventure de leur mariage avec le roi qui les aura finalement convaincues de s’enfuir du village.

Le lendemain, à son réveil, le roi devint fou de rage en apprenant  que Sandrine s’était non seulement enfuie mais qu’elle avait entraîné avec elle les trois dernières épouses. Bouillant  de colère et hurlant comme un lion affamé, il se dirigea vers son « n’nepèe »[2].  Après quelques incantations, et consultations de ses gris-gris, la chefferie entra dans une atmosphère effroyable. Il  souffla tout à coup sur tout le village un vent à décorner les bœufs marquant aux yeux de tous à la fois la colère du roi et des esprits des ancêtres.  Les feuilles des arbres s’envolaient par-dessus les toits des cases. Ce vent était incontrôlable, il soulevait aussi bien les toits faits de pailles et de bambous que les rares toits en tôles qu’on rencontrait çà et là. Les cases avec un toit en paille ou en bambou étaient une caractéristique des cases d’épouses ou de femmes en général. Une femme ne pouvant se permettre un toit en tôle car cela était considéré comme un manque de respect à l’endroit des hommes du village -trop. C’était la tradition, il avait toujours été ainsi et il n’était surtout pas la peine de remettre la parole des ancêtres en question.

Le vent que le roi faisait souffler sur son royaume était en réalité un subterfuge. Il s’agissait d’une incantation qui lui permettait d’identifier à partir de sa chefferie tous les hommes qui à ce moment se trouvaient sur son territoire. La colère de ce dernier connu un tournant lorsqu’il constata que, ni Sandrine, ni les autres filles ne se trouvaient sur son périmètre de commandement. Il convoqua alors un conseil de notables de toute urgence et envoya ses notables de part et d’autre du village et dans les contrées voisines à la recherche de ses épouses. Les notables allèrent de concession en concession ; fouillant toutes les cases de la pièce principale où seuls les hommes étaient autorisés jusqu’aux cases en toits de paille des épouses. Au bout de plusieurs jours de recherches désespérées, les notables s’en retournèrent à la chefferie les mains vides sans aucune piste pouvant mener aux désormais fugitives.

Les notables étaient terrifiés à l’idée de retourner faire un tel compte rendu au roi. Généralement, en de pareilles situations, le sort qui leur est réservé n’est pas prévisible et le roi ne se pose aucune limite dans ses châtiments. Une fois à la chefferie, après avoir expliqué la situation au roi sa réaction fut tout aussi imprévisible :

 

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Ma copie de : Lettre à ma fille de Maya Angelou

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Une femme dans la trentaine qui aime écrire

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